Chronique 7

Chers lecteurs,

Après des jours d’attente, de frustration, d’impatience, j’ai de nouvelles informations à vous donner. Ces interminables semaines étaient d’un ennui profond, je passais mes journées les yeux rivés sur mon téléphone à vivre pour qu’il sonne.
Et c’est arrivé. Il a sonné. En pleine nuit. Vers 3h du matin, la sonnerie a retenti. J’ai décroché instantanément, le cœur battant, et cette douce mélodie qui m’avait tant manqué a grésillé dans mon oreille.

« C’est Gwen, je pense qu’il faudrait qu’on parle. Venez devant le bâtiment. »

Ces quelques mots, bien que prononcés sur un ton sec, me firent l’effet de la plus douce des caresses. Je m’apprêtais à répondre mais elle ne m’en laissa pas l’occasion car elle raccrocha aussitôt.
Je ne perdis pas une seconde et enfila mon anorak. La chaussure gauche sur le pied droit et une écharpe à moitié nouée, j’étais fin prêt. Jamais le chemin pour arriver à la place du marché ne me sembla aussi long. Un pied devant l’autre, le bruit de mes pas raisonnait sur les pavés. Les murs n’étaient que des teintes floues autour de moi et ma course.

Soudain, à quelques mètres de ce lugubre bâtiment, une silhouette se dessinait. Je l’aurais reconnue entre mille, ma correspondante se tenait là, devant les marches. Vous rendez-vous compte chers lecteurs qu’elle m’attendait dans le froid, peut-être que son cœur la réchauffait autant que moi à l’idée de notre rencontre. À cet instant, mon cerveau me criait de la prendre dans mes bras, de la serrer contre moi, de lui partager par cette étreinte l’envie qui brûle en moi de la connaître.

M’avançant vers elle je tendis les bras, le sourire aux lèvres, mais je fus accueilli par un regard interrogateur et une main qui me poussa hors d’état de nuire.
Ce serait mentir chers lecteurs si je vous disais qu’à ce moment précis, une autre illustration de la scène serait cette douce réceptionniste en train de me piétiner le cœur avec des talons aiguilles. Cependant, mon courage, ma force légendaire, (et éventuellement sa voix), me firent revenir à la raison.

« Ne faites pas de bruit, et suivez-moi sans poser de question. »

Happé, je lui répondis d’un hochement de tête. Ainsi, elle se retourna et commença à gravir les marches de l’ancienne mairie. Une fois en haut du petit escalier, elle sortit de sa poche une lourde clef, qui avait l’allure d’avoir connu bien des mains. Une fois tournée dans la serrure, un « clic » puis quelques grincements nous souhaitèrent la bienvenue dans cette mystérieuse antre.

Gwenaelle sortit une lampe de sa poche et ne manqua pas de me rendre aveugle quelques secondes. Elle me fit un signe de main et me guida vers une pièce voisine ou quelques grand-mères viennent souvent boire un thé. Il s’agissait d’un petit salon aux canapés douillets que j’observais fréquemment depuis chez moi.

Bien qu’installé dans le plus doux des cadres, accompagné de la plus charmante des compagnies, mon cœur battait la chamade. Je percevais malgré moi des bruits sourds sans vraiment savoir d’où ils provenaient. Mon souffle haletait.
Gwenaelle face à moi, prit une grande respiration, et c’est à partir de ce moment chers lecteurs, qu’elle me conta les secrets de la fameuse mairie de Draveil…

Louis, votre fidèle journaliste, à la semaine prochaine.