Chronique 8

Chers lecteurs,

Je pense que pour commencer cet article dignement, le propos le plus logique à formuler serait des excuses. Je tiens absolument à m’excuser platement de vous avoir tenus en haleine ces quelques jours. Seulement, mes articles prennent une tournure qui me dépasse, je ne pensais pas avoir un jour accès à ce nombre d’informations confidentielles, qui seront également votre dans quelques lignes.
Où en étais-je dans mon récit déjà… Ah! Oui! Cette fameuse nuit, ce fameux rendez-vous nocturne…
Gwenaelle prit la parole, d’une voix calme, mais d’un sérieux sans faille.

« Bon… Lors de notre dernier échange monsieur, j’ai su remarquer que vous n’étiez pas le plus naïf des visiteurs. Souvent, les voisins nous font quelques remarques sur nos livraisons tardives, ou encore sur nos factures d’électricité exorbitantes. Des interrogations sous le signe du commérage. J’ai senti en vous un réel… intérêt… »

« Envers vous! » Avais-je envie de lui répondre. Enfin bref, pardonnez-moi.

« …De ce fait… j’ai quelque peu envie de suivre mon intuition. Je pense que vous êtes quelqu’un de confiance. Mais avant cela, j’ai besoin de votre signature sur quelques documents. »

Aussitôt dit, aussitôt fait, elle laissa tomber sur la table qui nous séparait une pile de documents. Des closes interminables. Se serait mentir chers lecteurs, si je vous disais que j’en avais lu un piètre mot. Aguiché par la soif de mystères, ma signature m’échappa instantanément des mains pour aller s’ancrer sur chacune de ces pages.
Elle leva les yeux, ahuris par ma motivation, sans doute, me remercia, s’éclaircit la voix, et continua son histoire.

« Il y a un an et demi, un incident nous a frappé… Et quand je dis nous monsieur, je veux dire l’espèce humaine. Ici, dans l’ancienne mairie de Draveil, un événement de la plus haute importance est venu troubler l’equilibre des Hommes. Cet événement… »

Une voix se fit entendre. Un cri. Un cri strident, rempli de panique. Tout droit sorti de sous nos pieds, des sous-sols. Mes poils se herissèrent et mes muscles se contractèrent. Je me sentis tout d’un coup, si fragile. Comme si je sombrais dans les eaux troubles de l’océan, entouré de la noirceur et des dangers qu’elle cachent. Mon regard alla directement chercher celui de Gwenaelle. Mais à ma plus grande surprise, mes yeux ne rencontrèrent aucune panique. Son regard était ailleurs, comme détaché de tout ce qui nous entourait.

« Merde… Encore un… » chuchota-t-elle

« C.. Comment ça encore un? Gwenaelle, parlez-moi s’il vous plaît.. Qu’est-ce qu’il se passe ici? » dis-je sur un ton suppliant

À ceci elle ne répondit rien. Elle se leva et se dirigea vers une porte d’acier placée derrière nous depuis le début. Quelques vieux rubans jaunes d’interdiction s’agitaient dans le vide.