Chronique 15

Ce que nous venions de vivre me semblait déjà de l’ordre de la fiction. Comme si une fois que la jolie brune avait poussé la porte de cette zone du L3, la malédiction avait disparu. Je ne voulais pas y croire pour être honnête. C’était trop gros. La vision de l’enfant qui sommeille en moi venait d’être détruite, les monstres existent donc bel et bien.

Je ne vous ai même pas salué chers lecteurs, mais c’est encore moi, Louis, fidèle au poste, tant que vous voudrez bien de moi, ou que je tiens le coup…

Une fois la lourde porte blindée fermée, la vision chaleureuse du petit salon conviviable me semblait extrêmement hypocrite. Quel soulagement ! Des coussins douillets et de la lumière tamisée pour nous remettre de notre expérience de mort imminente ! Merveilleux ! Parfait pour gérer ce qu’il se passe dans le L3 ! Je ne voyais plus que ce salon en miettes et cendres après le passage de ce monstre à griffes, si nous n’avions pas refermé la porte à temps…

Une fois le salon derrière nous, la jolie brune me fit passer une double porte blanche sans la moindre sécurité ou précaution comme celle du L3. Qu’avait-elle dit déjà ? Ah oui, le Laboratoire… Cette entrée bien fragile passée, mes yeux furent accueillis par une ribambelle de lumières dorées. Un escalier, dont chaque marche et chaque pilier était truffé de décorations pour les fêtes. Des peluches, lutins, guirlandes et froufrous nous accompagnaient dans notre ascension.  Comme si cet immense bâtiment essayait de se racheter de ce que je venais de vivre en son sein. Malgré la splendeur de cet édifice, comme à son habitude d’être en dehors des cases, ma partenaire ignora les froufrous et opta pour le couloir sombre à sa gauche. Des marches s’engouffrant toujours plus bas, des pierres froides et sales. Je n’en attendais pas moins d’elle… Et à la fois, j’avoue avoir préféré la froideur honnête de ce passage, à l’hypocrisie haute en couleur de l’escalier grimpant vers un paradis factice.

Nous nous engouffrions dans ce tunnel de la mort, dont je ne connaissais pas le but, perdu jusqu’au plus profond de moi. Plus mes pas me portaient et plus je semblais distinguer un bruit, comme une alarme…

J’ai l’impression de ne plus être le même, chers lecteurs. J’ai l’impression que je change, entre ces murs…

A bientôt…