Chronique 16

Chers lecteurs,

Je vous reprends avec moi dans cette folle aventure. Entre vous et moi, j’ai l’impression de prendre une ride à chaque virage tant cette nuit n’en finit pas.

Nous nous tenons désormais devant la porte du fameux laboratoire, offert par le lugubre escalier. Des schémas et croquis plus anxiogènes les uns que les autres l’habillent. Ce sont des représentations d’yeux exorbités, des dents acérées et des griffes aiguisées m’accueillent dans ce sous-sol. Le couloir pourrait m’étrangler sous les regards d’encre qui jonchent la porte.

Gwenaëlle me tire de ma rêverie, avec la douceur qui la caractérise : en tirant la manche de mon pull si violemment que j’entends les coutures crier. Je la suis sans rechigner, tel un enfant ayant fait une bêtise, et mime ses pas en direction de l’antre du laboratoire. Des bruits sourds s’en échappent. Une odeur âcre me serre la gorge, m’emplie les narines. Et enfin, enfin… Cette porte s’ouvre.

Les bruits se précisent, et il s’agit en fait de discussions. Nous ne sommes pas seuls. Est-ce une bonne nouvelle ? Je ne sais pas, pour être honnête.

Je distingue dans la lueur d’une ampoule pendue au plafond, deux silhouettes. Un homme aux cheveux courts et lunettes de plongeur, ainsi qu’une jeune fille brune. Tous deux échangent à voix basse, dans un dialecte contenant autant de chiffres que de lettres.

A peine nos pas résonnèrent dans la pièce souterraine qu’ils cessèrent leurs chuchotements et nous fixèrent interloqués. Leurs regards s’attardèrent sur moi, comme si Gwenaelle avait toujours été dans la pièce, à leurs côtés. Je me suis sincèrement senti de trop à ce moment-là. Ais-je bien fait de m’embarquer entre ces murs avec comme seul aval celui de Gwenaelle ?

« C’est qui lui ? » lança le plongeur sans attendre.

« Gwen à quoi tu joues ? Qu’est ce qu’il fout là ? » renchérit la jeune fille.

Gwen resta immobile. Elle positionna son bras entre les deux inconnus et moi. Comme pour créer une séparation. Comme pour me protéger. Quelle femme…

Ces nouveaux individus me veulent-ils du mal ? Vont-ils accepter que mes yeux avides de réponses percent leurs mystères ? Ou seront-ils forcés de me rayer de la carte ?…

Je suis assez sidéré, chers lecteurs, que dans cette histoire, les humains m’effraient plus que les créatures inconnues.

Signé, Louis.