Chronique 6

Mes chers lecteurs,

J’ai eu le culot la semaine dernière de vous laisser en haleine en plein milieu d’un moment quelque peu crucial.
J’en étais donc à vous conter ma plus récente visite dans l’ancienne mairie de draveil, dans un jour où mon esprit était quelque peu orageux. Cependant, calmé par la douce mélodie sortant de la bouche de cette fameuse réceptionniste.

Une fois son bonjour prononcé, je mis quelques secondes avant de réussir à balbutier quelques syllabes, que dis-je… quelques sons. Mes lèvres ne furent capables d’articuler qu’un maigre:

« B- Bonjour madame ! Je.. Je ne fais que passer, j’aimerais savoir ce que devient cet ancien bâtiment que j’ai vu décrépir d’années en années… »

Suite à ma phrase, une étincelle d’intérêt apparut dans son regard. Mais elle disparut aussitôt, comme si son contrôle avait reprit le dessus et les mots qu’elle essayait d’aligner avait subi un changement de programme.

« Et bien, l’ancienne mairie a bien changé ! Nous ne sommes maintenant qu’un simple bar. Vous avez la terrasse sur la place ainsi qu’un petit salon où vous détendre. »

Ses mots sortirent d’elle comme un slogan publicitaire. Comme si quelqu’un d’autre parlait pour elle, que ces phrases lui étaient soufflées.
Je plissai les yeux, comme pour lui faire comprendre que je n’étais pas dupe. Que non, les cargaisons nocturnes ne m’avaient pas échappé. Que je doutais qu’une telle sécurité soit nécessaire pour un simple bar comptoir.

« C’est que.. Cela fait beaucoup de protection pour un simple bar, j’ai compté environ une trentaine d’agents de sécurité dans les parages. Tous plus professionnels les uns que les autres… Vous n’arriverez pas à me faire croire que rien ne se trame ici… »

L’étincelle refit surface dans son regard. Un léger rictus tordit ses lèvres et ses doigts se serrèrent sur le pauvre comptoir.

« C’est un mal-entendu monsieur… »

Je suis certain qu’à cet instant elle ne se convainquait pas elle-même. Je la sentais troublée et à la fois soulagée. Comme si le secret qu’elle portait pesait sur ses épaules depuis bien trop longtemps. Elle allait exploser, aussi, mes yeux remarquèrent son badge.

« Je vous laisse songer à ce que vous seriez prête à me partager, au revoir, Gwenaelle. »

En un geste imité des plus grands agents secrets, je laissai filer d’entre mes doigts un papier où j’avais griffonné mon numéro de téléphone. Je fis directement demi-tour.
Je l’avoue chers lecteurs, c’était peut-être un peu dramatique, mais j’espère lui avoir laissé l’image d’un homme mystérieux. Un peu dans le style James Bond… Après tout on est pas si différent, enfin bref.

Je vous écris tout ça sur mon bureau, au côté de mon téléphone. Et je ne saurais vous décrire à quel point mon cœur palpite chaque fois que je reçois un appel.
Mais cela va bientôt faire une semaine, et toujours aucune nouvelle de cette fameuse Gwenaelle…

Louis, de la gazette.